Le « cloupia » est le nom local donné à un petit crapaud de l’ordre des Anoures, famille des Discoglossidés car sa langue, en forme de disque, est soudée presque entièrement à la mâchoire inférieure.

          Il s’agit du « crapaud accoucheur » appelé aussi « la grenouille cloche » ou « docteur Toutou ». Il porte le nom latin d’« Alytes obstetricans » et « clouctea » ou « clouctrê » est son nom wallon le plus courant.

          On le retrouve dans le centre et le sud-ouest de l’Europe. Ainsi, les individus présents en nos contrées habitent en bordure nord de leur territoire. Il a une espérance de vie pouvant atteindre vingt ans.

          Ce petit crapaud ne mesure pas plus de 5cm. La femelle est plus grande que le mâle. Sa peau est verruqueuse, de couleur gris, brun ou vert-jaune sur le dessus, et présente un dessous blanc sale voire grisâtre. De chaque côté du dos courent deux cordons de verrues plus saillantes. Il a une tête plus large que longue et son museau est plutôt pointu. Sur ces yeux dorés saillants, les pupilles du crapaud accoucheur sont particulières en ce qu’elles présentent une fente verticale apparaissant comme un losange et des glandes parotoïdes peu développées. Le tympan est généralement bien visible.

          Le mâle – la femelle ne chante pas – n’a ni pelotes, ni sacs vocaux. Malgré cela, il émet de mars à octobre un chant mélodieux particulier, cristallin, répété à intervalle de deux à cinq secondes et qui s’entend de très loin. Il chante la bouche close : c’est une bulle d’air gobée au préalable qui crée le son en passant de la poitrine au larynx et inversement. Le chant ressembla à une note de flûte dont la fréquence est propre à chaque individu. Lorsque plusieurs mâles s’expriment en même temps, nous assistons à un véritable carillon. Le chant ressemble à un tou… tou… tou qui rappelle le chant du hibou petit duc.

          À la mi mars, le mâle lance son chant pour attirer la femelle. Cette dernière part à la recherche d’un mâle. Dès leur rencontre, l’accouplement commence. Il a lieu la nuit et est entièrement terrestre. Le mâle saisit la femelle à hauteur de son bassin et à l’aide de ses orteils lui masse le ventre pendant environ une demi-heure. La femelle pond ses quelques dizaines d’œufs en chapelet. Tout en fécondant les œufs, le mâle y plonge ses pattes postérieures pour y enrouler le chapelet. Il gardera la ponte sur lui plus de trois semaines et restera sans manger plus de vingt jours dans une cache qui réunit toutes les conditions pour l’évolution des œufs. Il déposera enfin les œufs dans une mare où ils écloront sous forme de têtards. Leur taux de survie de plus de 40% est supérieur à ceux des autres batraciens.

          Il se plait à vivre dans des endroits chauds et secs, comme des murs de pierres sèches, des tas de sable, les talus et les carrières. Le mâle ne passe pas plus de six à sept heures dans l’eau chaque année et la femelle, pas une minute ! Il hiberne d’octobre à mars. Il se révèle un auxiliaire utile pour nos jardins car il se nourrit d’insectes divers comme les moustiques, les coléoptères, les cloportes, les araignées, les perce-oreilles, les chenilles, les scarabées, les mille-pattes, etc. Ne pouvant projeter sa langue en avant, il saisit ses proies avec ses mâchoires.

          Voir égalment www.passionbassin.com/dossiers/reportage/batracien.php