George Hubeau a été soldat au fort de Maizeret durant la guerre de 40, il était pointeur dans une des tourelles du fort.

          Le fort était équipé de 4 petites tourelles escamotables disposées autour d’une grosse. En outre, le fort était armé de lance-grenades.

          Durant les combats, « on entendait pleuvoir sur la tourelle » et lors d’un bombardement, un tir de 4/7 atteint l’intérieur du canon de la tourelle pendant que l’obusier était occupé à un introduire un obus. Les deux obus explosèrent blessant mortellement l’infortuné soldat. Des six occupants de la tourelle, George qui avait été protégé par les baffles autour du canon, resta seul avec le blessé et l’aida tant bien que mal à sortir de la tourelle qu’avait remplie une épaisse fumée. Le blessé était très laid à voir, un bras ne tenait plus que par la peau, des éclats partout dans le ventre… Quand les deux hommes arrivèrent au-dessus du grand escalier, les infirmiers qui étaient en bas, et à qui les quatre rescapés avaient dit qu’il n’y avait plus de survivant, crièrent à George de rester là-haut et ils lui portèrent secours. George appris beaucoup plus tard que le blessé décéda quelques jours après l’explosion. Ce fut le seul mort belge du fort.

          Le fort dût se rendre après que les 4 petites tourelles aient été endommagées par les tirs ennemis (viroles déformées par les obus allemands pendant qu’elles étaient déployées pour tirer) et que le canon de la grosse tourelle soit hors service suite à son utilisation trop intensive. Les occupants du fort se rendirent alors en laissant leurs armes à l’intérieur mais les allemands n’y entrèrent pas car tout avait été miné. Durant sa cvaptivité, le commandant du fort fut ramené d’Allemagne pour déminer le fort.

          Durant les tirs de canon des tourelles, le bruit n’était pas trop important, l’air était respirable et il régnait dans la tourelle une petite surpression pour éviter l’entrée éventuelle de gaz ennemis. Des ventilateurs assuraient cette surpression, ils se trouvaient dans une salle des machines avec chaudière et génératrice.

          Avant la déclaration de guerre, des essais de tir avaient eu lieu pour lesquels l’armée avait obligé les habitants à rester chez eux et à rentrer les vaches et autres animaux. Néanmoins, il y eu pas mal de dégâts aux arbres.

          La tourelle centrale était équipée d’un canon dont la portée pouvait atteindre une quinzaine de kilomètres alors que les 4 autres avaient une portée plus limitée et que les lance-grenades servaient à la défense rapprochée du fort. Les tirs étaient dirigés grâce aux informations que donnaient les guetteurs dans les fortins (en général 2 par fortin) en liaison  avec le fort. C’est ainsi qu’une colonne allemande détectée par des observateurs dans le fortin situé non loin de « Chez Léon » sur la grand route essuya les tirs du fort et subit de lourdes pertes.

          Lors d’un de ces bombardements, un officier allemand fut capturé et ramené au fort. On découvrit sur lui une carte très détaillée de la région avec tous les forts, fortins, barrages antichars, etc. fruits des espions qui sillonnèrent la Belgique avant la guerre.

          Le fortin par lequel on peut accéder au fort fut occupé par un ancien légionnaire qui se vanta d’avoir descendu un avion ennemi avec sa mitrailleuse. On ne trouva cependant pas de trace de l’appareil abattu.

          La première fois de sa vie que George mangea de l’oie, ce fut au fort. Alors que le ravitaillement faisait défaut, des soldats du fort firent une razzia dans le poulailler de la ferme en face du cimetière.

Témoignage de George Hubeau (76ans)

reccueilli à Maizeret le 6 janvier 1997.